En ce mois de spectres et de citrouilles, une amie m’a invité à assister à un spectacle de la Compagnie “Sale Gamine” intitulé “La chasse est ouverte”. Comprenez la chasse aux sorcières. Et même la chasse à une sorcière, celle qui est devant nous, nous transformés en tribunal populaire pour l’occasion.
Une jeune femme, seule en scène, a fait résonner les murs de la maison de son talent. La fête fut belle et joyeuse autour de cette grande actrice qui incarnait à elle seule 5 personnages. Elle a transmis son énergie, sa fougue, ses questions à notre assemblée de quinquas : le sexe ça vous fait quoi ? Rien. Et vous ? Je ne me souviens plus. Et Lisa reprenait sur son accordéon son petit refrain : Fais moi mal Johnny-Johnny-Johnny, bienveillante, amusée. Et pour donner un nouvel élan, elle a ouvert grand la porte et a crié “J’aime le sexe.” sur les toits de notre jolie ville endormie. “Y’a t’il des émasculatrices dans la salle ? Y’a t’il des victimes dans la salle ?” criait mademoiselle Rose, la sorcière, au banc des accusés. Et madame Rien et son amie Je-ne-me-souviens-plus baissaient la tête en attendant une accalmie après tout ce tintamarre.
On le sait, l’omerta domine depuis si longtemps que même pour jouer, pour rire, pour pleurer, combien ne lèvent plus la main ? Elles laissent glisser sur leurs corps inertes les mots qui n’ont plus de sens, plus de chair, plus de vie. Si je ne bouge pas, peut-être que ça ira mieux demain… Nous sommes tant et tant accrochés à nos branches, comme des marionnettes oubliées par leur créateur, mises à sécher après essorage, les yeux éteints, le corps en bois. Répétant à l’infini les petits gestes du quotidien, notre vie ne tient plus qu’à un fil que la main du destin ne touche plus depuis déjà longtemps. Qu’attendez-vous de la vie ? Rien. Et vous ? Je ne me souviens plus…
J’avais envie de me lever et de dire : “Je vous en prie, revenez, svp, revenez. Revenez rire, jouer, pleurer. Revenez jouir de cette vie qui nous est prêtée. Relevons le défi d’un monde avec vous. Vous nous manquez tant. Tout ce que vous tenez entre vos bras et vos jambes croisés, lâchez-le, offrez-le. Partagez vos rêves, vos regrets, vos colères. Dîtes la vérité, rien que la vérité, toute la vérité, levez la main droite et dîtes je le jure.”
Dans la salle, les rares hommes présents étaient subjugués, heureux de cette étincelle de vie, amoureux de mademoiselle Rose, la belle Lisa, Lisa belle, celle qui ose crier et chanter, celle qui ose aimer, celle qui ose vivre. Et quand l’un d’entre eux s’est approché de son épouse et a dit “Quel beau spectacle, nous pourrions l’inviter chez nous ?” j’ai compris que la partie était bien engagée. Alors, à vos agendas, voici les coordonnées de Lisa : Sale Gamine
Avec toute ma féminité,
Qu'en pensez-vous?