J’ai envoyé mon troisième manuscrit dans l’océan

Ce matin une nouvelle énergie s’est emparée de moi : j’ai préparé 10 enveloppes, 10 timbres, 10 lettres pour envoyer mon nouveau manuscrit à des maisons d’édition.

Pourquoi ne pas nous donner cette chance tout simplement ?

Tant de gens m’ont dit, après avoir lu mes livres précédents : c’est beau, c’est fort, j’ai adoré, s’il vous plait, continuez, continuez !! Alors oui je continue, parce qu’en vérité je ne saurais plus m’arrêter.

Il y a un an, j’ai rencontré, par l’intermédiaire d’une amie, un écrivain, ancien directeur du supplément littéraire d’un grand journal, un monsieur aujourd’hui retiré et qui a simplement du temps pour écouter.

Je lui ai expliqué ma vie : chef d’entreprise, écrivaine de deux ouvrages assumés en auto-édition, co-créatrice d’une petite maison d’édition, chanteuse de musique sacrée, pianiste amateur, mère de jeunes adultes qui se cherchent…Je me souviens,

Thibault, André, Fernand, peut voter!

Le jeune homme qui passe devant moi baisse la tête, il n’aime pas l’étalage de sa vie à voix haute. Il se glisse derrière l’écran, choisit sa pastille noire, appuie très vite sur valider et entend de l’autre côté: « A voté ! » d’une voix de stentor.

Il vient de faire la queue pendant quarante minutes pour aller voter, il voulait faire entendre sa voix, la donner à quelqu’un, il est venu pour cela. À qui ? Peu importe, ce qui est important c’est qu’il soit là, au milieu des autres, heureux de vivre dans un pays libre où, parce que d’autres avant se sont battus, il est encore possible de chanter et de danser.

Il a dû attendre, jeune étalon piaffant, que la petite mamie qui le précédait comprenne les pastilles et les boutons, les noirs et les verts, elle s’y perd et personne ne peut l’aider,

Un petit pas pour un long voyage

« Un voyage de 1000 lieues commence toujours par un premier pas », disait Lao Tseu, l’homme qui savait, comme personne, avancer sans faire de bruit. Il laissa peu de mots et une grande sagesse sur notre terre : la libre circulation des énergies.

Un petit pas est un mouvement, sans doute le plus petit qu’on puisse faire pour avancer et c’est pour cela qu’il est aujourd’hui le grand maître de ma vie.

On le sait peu, mais la méthode des petits pas est à l’origine une théorie de l’amélioration défendue par le Docteur américain Edwards Deming. Après la seconde guerre mondiale, il partit aider le Japon dans sa nécessaire reconstruction et sa théorie eut là-bas un tel retentissement que le monde asiatique lui trouva à la fois un nom, le Kaïzen, et une réussite à sa démesure.

Le principe est simple,

C’est le premier, le tout premier

C’est toujours difficile une première fois : un premier cri, un premier regard, un premier pas, une première chute. Aujourd’hui j’honore ce premier article, premier petit caillou lancé sur les ondes du net avec à la fois de la joie et de l’appréhension.

J’ai déjà traversé la forêt obscure des mots pour y trouver mon chemin : un premier livre « Momig, la petite bougie » est né sous ma plume en 2014 et m’a tout doucement apporté, au-delà de la joie de sa simple existence, un nom qui me va bien et avec lequel je signe ce blog.

L’accouchement fut aussi difficile que pour mon premier enfant. Mais quand je regarde ce que j’ai reçu des centaines de lecteurs qui ont osé accueillir cette écriture singulière avec les yeux et le cœur grands ouverts, je sais que cette route est bien la mienne et qu’il faut simplement que j’aie le courage de la poursuivre.

Adeline

Parce que je voulais que Momig soit beau, j’ai choisi l’imprimerie Escourbiac et j’ai croisé la route d’Adeline

Adeline prend soin des êtres de chair et de papier.
Elle porte un regard toujours curieux sur le manuscrit qui lui arrive, qu’il soit édité à compte d’auteur ou par une grande maison, qu’il soit le fruit d’une impulsion ou l’œuvre d’une vie, il arrive, tout simplement, un jour, sur son écran. Et à ce titre, il sera traité comme tous ses semblables, avec bienveillance et lucidité, avec le regard professionnel d’une enfant formée sur le tas.
Curieuse, mutine, elle va le lire, gentiment corriger quelques coquilles – il y en a toujours, c’est bizarre – se l’approprier suffisamment pour oser suggérer «Peut-être pourriez-vous…..? Sans doute serait-il souhaitable que… ? » mais tout doucement, sans faire de bruit, ce n’est pas son rôle, ce n’est pas ce qu’on attend d’elle,

Micheline

Quand Micheline est entrée dans la salle où j’allais faire une dédicace de Momig, elle m’a dit « Je suis curieuse de vous écouter, j’ai lu tout ce qui vous concernait sur internet ». Son sourire et ses yeux grands ouverts m’ont tout de suite donné confiance. Le lendemain, nous dînions chez elle…

Il court, il court le furet
Le furet du bois, Madame
Il court, il court le furet…

Micheline court
Et comme le furet
Elle met son nez partout
Curieuse
Elle monte et elle descend
Entrant par une porte elle ressort par une autre
« Vous avez vu mes sculptures ?
Ce n’est pas terminé, vous savez, j’ai tant et tant à faire »
Je n’ai pas le temps de répondre, Micheline est repartie
C’est dommage,