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Les Indes Galantes… Chapitre 1- Vol au dessus des nuages.

Mon amour,

19 mars, 12h30
Le voyage que j’entreprends aujourd’hui a commencé à entrer dans la réalité le 14 février dernier, le soir où tu as décidé de souffler sur les braises qui couvaient sous la cendre. De mes larmes de joie j’ai accueilli une fois de plus ce cadeau inestimable que tu me fais depuis plus de 7 ans : le cadeau de ma liberté.
Notre union est une terre d’aventure que j’arpente avec bonheur en tous sens, découvrant un peu plus chaque jour la plasticité de ses limites. Limites que j’apprends à repousser quand tout au contraire tu t’en fais un manteau confortable et douillet sous lequel ta sensibilité de celte peut enfin s’exprimer.
Je pars emplie de cette légèreté qui me fit si souvent défaut dans mon parcours de vie. Chaque petite épine, chaque petit caillou je les ai déposés sous ton regard bienveillant au bord du chemin qui mène à la simple joie d’être, après ce long et féroce détour par l’existence d’une femme active du XXème siècle.
Hier soir ce fut la Première de mon spectacle « J’ai 20 ans et des brouettes ». Devient-on autre chose quand on passe une porte que l’on redoutait d’ouvrir ? Je crois qu’on reste Soi dans un nouveau décor, plus grand, plus ouvert, plus lumineux. Hier j’ai passé une porte, peut-être même traversé un mur. Je ne sais pas mais j’ai traversé en bateau avec tout mon équipage. Capitaine tenant la barre, je n’y serai jamais arrivé s’ils n’avaient pas été tous là, autour de moi, là pour que je sois bien, pour que je donne le meilleur de moi-même, pour que la petite flamme continue de rayonner : toi bien sûr, toujours, et Béatrice si fidèle, Thomas si solide, Artyom si vif. Ce fut donc la première représentation d’une nouvelle partie de moi : la mise en avant de ma sensibilité d’artiste, dégagée de toutes les pelures inutiles. J’ai vu dans les regards du public que tout était juste, il ne me reste plus qu’à continuer. Pour tout cela, mille fois merci.
Je regarde les flocons tomber avec nonchalance sur Roissy, je te laisse apaisée sous tous ces manteaux blancs, les couleurs de l’Orient m’attendent.

14h30
Nous voguons depuis presque deux heures au dessus d’un tapis de coton et sous un soleil obstiné. Depuis le hublot j’aperçois d’autres oiseaux de fer transpercer sans état d’âme la nappe blanche et se diriger vers d’autres ailleurs. Le repas va être servi et la carlingue s’emplit doucement de saveurs au curry. Pas de doute, je pars en Inde. Deux hommes, déjà imbibés par cinq flûtes de champagne, attaquent le rouge le feu aux joues. Ils parlent fort au dessus du ronron du moteur et du cliquetis des couverts, je n’en perds pas une miette. S’ils tiennent le même rythme les huit prochaines heures, c’est aphones qu’ils découvriront les rues encombrées de Madras, la capitale du Tamil Nadu. Pour ma part, silence et eau plate seront l’entrée en matière et l’accompagnement de la première brûlure des épices.

16h30
La nuit est tombée comme un lourd rideau au milieu d’une pièce. Elle n’a pas pris le temps de border le soleil, attrapée en plein vol par l’avion et sa course folle vers demain. Moi qui allais vivre le grand équilibre de l’équinoxe, je me retrouve comme en plein cœur de l’hiver à avoir un jour grignoté jusqu’à la trame. Je regarde tout en bas les lumières des villes que nous survolons. Tout est noir, mais rien ne dort.

18h30
Je continue de compter les heures depuis mon port d’attache. Je n’ai pas le choix, pas plus que mon téléphone, lui aussi est en mode avion. Perdue au milieu d’une toile de fuseaux horaires, je ne cherche pas à savoir où je suis, je fais confiance. En arrivant, nous nous calerons l’un comme l’autre à la réalité immédiate. Il me donnera, à peine réveillé, l’heure locale, au moment où je découvrirai cet étrange pays, grand comme un continent et peuplé de 500 langues.

20h30
Petit coup de fatigue, la pression me fait mal aux yeux. J’ai aussi longuement lu le guide. J’avais envie de me plonger dans l’histoire de l’Inde du Sud avant d’y poser le pied et d’y ouvrir mon cœur.

22h30
Nous nous préparons à atterrir. Ici il est 2h du matin le 20 mars. Demain c’est le printemps. En attendant le changement de saison, je vais déjà me mettre à l’heure indienne. Il est temps pour moi d’arriver.

À suivre…

2 Réponses
  • Béa
    avril 7, 2018

    Hâte de lire la suite…
    Fidèlement 😉

  • christiane shirvanian
    avril 8, 2018

    Hâte de lire la suite….