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Je, tu, il…

Un lecteur m’a fait récemment remarquer que je m’adressais à vous et qu’il eut préféré que ce fût à toi. Difficile choix quand finalement cette toile mondiale ne nous révèle que rarement qui nous lit : les partisans du vous ? Du tu ? Du il, du elle, du on ?

Je, tu, il, nous, vous, ils : mes pas de débutante au siècle dernier m’avaient appris cette chansonnette bien avant de découvrir que je venais d’un peuple latin qui s’en passait aisément. Le « elle » et le « on » étaient alors accessoires, le politiquement correct n’avait pas encore été inventé.

J’avoue aimer le vous, comme j’aime la javanaise, sans nostalgie. Le vous n’est pas un éloignement entre nous, bien au contraire, il me facilite l’intime et le murmure.

Je me souviens être allée un jour dîner chez les parents d’un ami, à Versailles. La petite fille d’exilés que je suis n’avait jamais côtoyé le « vous » entre parents et enfants, ce fut l’occasion. « Maman, passez-moi le sel », dit mon camarade à sa mère. Je fus presque surprise qu’elle le fît. Le père bougonnait, il n’aimait pas le boudin blanc, moi c’était la première fois que j’en goûtais et à cette époque encore, je préférais me taire et avaler. Le plat passait de mains en mains et Monsieur Père continuait sa litanie : « C’est quand même formidable que tous les dimanches, on me serve du boudin blanc, alors que tout le monde sait que je n’aime pas le boudin blanc… ». Sa femme, le plat à la main, touchée tout autant par le « on » que par le « tout le monde » dit alors :
« Vous m’emmerdez très cher, avec votre problème de boudin blanc ». Et je crois sincèrement, que c’est grâce à ce « vous » qu’ils arrivaient encore à se supporter.

Autre jour, autre siècle.
« Alors elle a bien dormi, elle a pas trop mal ? », c’est ainsi que j’étais sortie de la brume dans laquelle un vilain accident m’avait jeté. Je mis un certain temps à comprendre où j’étais et à qui s’adressait la blouse blanche qui venait de rentrer dans ma chambre d’hôpital. Nous n’étions manifestement que deux, elle et moi. Soit elle parlait d’Elle comme Louis-le-Soleil parlait de Lui soit ce « elle » me désignait moi. Ici, il n’y avait manifestement plus, ni tu, ni vous, il y avait elle.
– Et elle s’appelle comment ?, je demande.
– De qui parlez-vous?, elle demande.
– Et bien d’elle, enfin de vous, de toi, de nous, de moi, je ne sais plus, je réponds.
Et j’avais fermé les yeux pour retrouver ma chansonnette :
J’avoue j’en ai bavé pas vous mon amour  /  Avant d’avoir eu vent de vous mon amour 
Ne vous déplaise  /  En dansant la Javanaise  /  Nous nous aimions  /  Le temps d’une chanson 

À votre avis qu’avons-nous vu de l’amour?  /  De vous à moi vous m’avez eu mon amour 
Ne vous déplaise  /  En dansant la Javanaise  /  Nous nous aimions  /  Le temps d’une chanson.

Je crois que c’est cela l’important, chaque pronom a une distance et chaque distance a sa musique.
Sans vouloir plagier François Mitterand, qui, à la question d’un autre homme politique « On pourrait se tutoyer non ? répondit : « Comme vous voulez », sincèrement, je préfère garder le vous.

Qu’en penses-tu ?

3 Réponses
  • Béa
    juin 15, 2017

    ELLE doit lever plus haut les bras la dame en rose. Oui ça y est c’est bien comme ça. Et là, comment elle fait là ? Oui oui … la dame blonde là… : Oh là là, elle doit aller plus vite sinon ça va déséquilibrer le mouvement…
    Cours de gym de quartier près de Rouen

    TU mets ta main sur ton ventre, tu respires lentement en gonflant le ventre et tu souffles en rentrant le ventre. Et tu te concentres sur cette respiration….
    Cours de yoga à vingt personnes dans un club vacances

    VOUS tendez un bras et la jambe opposée et laissez bien la tête dans le prolongement de la colonne vertébrale. Grandissez vous ! Oui très bien ! …et cessez !
    Séance de kiné la semaine dernière : Juste la kiné et moi

    YOU do as you want but you just have to train and train again because it’s difficult to climb without training. Le prof de varap de l’autre bout du monde me regarde : s’adresse-t-il à notre petit groupe ou bien qu’à moi ??? Son léger strabisme me fait douter…

    • Momig
      juin 15, 2017

      Je lis, je souris, je réponds… Merci Béatrice pour ce mic-mac du quotidien partagé.

  • Evelyne
    août 22, 2017

    Je vous tutoierais avec plaisir si tu me vouvoyais carrément!

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