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Du droit à l’oubli… au devoir de mémoire.

Les livres continuent de partir, au compte-gouttes.
Mais qu’est d’autre l’océan qu’une multitude de gouttes, imprégnées les unes aux autres ? Aucune jamais n’y a perdu de sa substance, toutes se renforcent, à l’infini.
Goutte parmi mes semblables, je cherche leur contact dans une économie d’énergie nouvelle pour moi.
Le poète Novalis parlait de grains de pollen, promesses d’ensemencement et de récolte. Il semait à tous vents, pressé de garnir son grenier qu’il savait si fragile.
De mon écriture fluide, je parle de ce qui brûle.

L’éternité n’est pas un point fixe. C’est un mouvement dont nous faisons partie, passé-présent-futur reliés dans ce grand ensemble qui est le tout.
Celui qui a, n’a rien. Celui qui est, est tout.
C’est pour ça que j’ai choisi d’être arménienne, pour être celle qui est. Ainsi j’appartiens à ce grand tout qui aujourd’hui s’interroge : comment sortir de l’esprit de tutelle, de la plainte éternelle, de l’idée même que trop petits nous n’y arriverons pas ? En plongeant dans nos racines pour en extraire la force de redevenir un individu, un peuple, une nation.
L’éternité ne me fait plus peur depuis que je la vois comme l’horizon. Quelque chose qui m’échappera toujours mais dans lequel je suis déjà. Quelque chose de vivant, de mouvant, de fascinant. Une toile sur laquelle je peux poser ma petite empreinte. Une farandole d’histoires auxquelles j’appartiens et qui tissent, jour après jour, le décor de ma vie.
Je m’y sens soutenue, je m’y sens bercée, je m’y sens en sécurité.

Hier le peintre Hovhannès m’a dit “J’ai compris tu sais, la seule chose qui me reste à faire, c’est travailler”. Sa palette change, elle suit le dessin de son regard sur le monde, plus flou, moins contrasté, avec une tache blanche sur l’oeil gauche.
Il avait besoin que je pose pour son prochain tableau “Imagine que tu entres dans l’eau avec un enfant à chaque main”. Aussitôt je me suis vue avec mes deux ainés, la troisième bien au chaud au creux de mon ventre, jeune silhouette de trente ans qui tient fermement ses petits, si fière, si heureuse de sentir toute cette vie autour d’elle.
Le croquis est fidèle, la scène n’a pas pris une ride. Je ne me savais pas si belle quand ils étaient là, tel était le secret.
En attendant la pose suivante, je me campe devant lui, déhanchée, le bras formant un étrange triangle, l’autre relâché. Il me regarde et dit “Ne bouge pas” et sans hésiter il tourne une page de son carnet et d’un crayon rageur, se laisse prendre à la vérité de l’instant.
Hors tableau, hors projet, hors du temps.
Avec toute ma liberté,


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