Que ma voix demeure est arrivé ce matin. Je vous le confie.

« Je dois écrire pour me taire à jamais. Il est temps pour moi de déposer, comme des armes à vos pieds, les mots sur le papier. Je vous les laisse, ils sont à vous…»
Ainsi commence Que ma voix demeure, le troisième et dernier volet de ma trilogie. Je vous le confie.

Je l’avoue, j’ouvre encore une fois la poésie. Elle semble parfois n’avoir aucune limite et je ne cherche pas à résister. Elle poursuit constamment son chemin en moi. Plus loin, plus profond, plus haut. Elle m’emmène avec elle, gracieuse, en quête de cet inconnu pour lequel, tous je crois, nous vibrons.

Que ma voix demeure est ma réponse au silence, au deuil et à l’oubli.
Que ma voix demeure est un chant d’amour, une déclaration d’existence, un hymne à la vie.
Que ma voix demeure déroule au vif de ma plume la route qui mène d’une enfance catholique à une maternité juive,

Ce jour-là, près de la source, Dieu sait ce que tu m’as dit.

La semaine dernière, à l’occasion d’une représentation théâtrale de rue, nous devions -si possible- jouer avec le public. Quelques questions de mon texte étant simples, je me hasardais à les poser avec la légèreté d’une abeille sur des fleurs :
« Quel âge avez-vous ? », l’homme, surpris, ne me répondit pas.
– Que préférez-vous chez une femme ? », m’adressant à une spectatrice. À nouveau le silence. Chez un homme ? J’insistais donc, j’entrevis la panique dans son regard.
– Quels sont vos héros de la réalité préférés ? Et l’enfant que je regardais me répondit aussitôt: Mon père!.
« Mon père » est arrivé sur notre scène avec une telle puissance que je n’eus plus qu’à accueillir tout ce qu’il offrait : notre décor de carton-pâte prit soudain des allures d’Odéon, notre maigre chant devint un hymne d’amour filial et nos personnages de bois se teintèrent de chair et de sang.