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Et si on osait vraiment fêter le Gras et la Cendre ?

Cette année notre calendrier grégorien est facétieux : après avoir discrètement placé le jour de la Saint-Valentin le mercredi des Cendres, il nous accroche un poisson d’avril dans le dos le dimanche de Pâques.

J’aime ces petits clins d’œil de la vie qui nous rappellent à quel point tout doit être léger et mobile sous peine de perte de sens.

Or donc, notre fête des Amoureux a pointé son nez le mercredi d’entrée en pénitence où, depuis l’origine des temps, les hommes enduisaient leurs corps de cendres et selon les péchés avoués publiquement se trouvaient isolés de la communauté durant les 40 jours du Carême.

La veille c’était Mardi Gras, ce mardi où tout est permis, où, sous un masque, tous les débordements, rêves, passions, tensions, s’expriment en toute liberté dans la réalité. Venise en fut la grande capitale, le Carnaval y trouvait son apothéose dans les ruelles sombres comme dans les palais princiers.

Allumer le feu…

Hier, après une journée où les dialogues de mon nouveau projet littéraire naissaient sous ma plume comme dictés d’un ailleurs, j’ai éteint la chaudière.
Je voulais vivre uniquement dans le crépitement de la flamme et l’odeur du bois.
Je voulais vivre comme mes aïeux ont vécu, resserrés autour d’un feu en écoutant le vent dans les grands arbres.
Je voulais surtout laisser la musique de Johnny envahir mon âme et fouiller ma mémoire, libre de toute entrave.

Dans chaque chaumière, ce troubadour aux yeux rieurs, a laissé une trace de son passage : une chanson, une danse, un geste, une rime, un baiser volé, un concert sous des trombes d’eau où ses bottes de rocker faisaient des étincelles, d’immenses fêtes populaires.
Il a tout brûlé sans compter ni regretter. Il vivait pour la scène et elle le lui rendait bien,

Les oiseaux de passage font leur nid dans mes yeux…

Les oiseaux de passage font leur nid dans mes yeux
Ils y resteront le temps de reprendre leur souffle
Le temps que tu les dessines et qu’ils s’envolent
Vers d’autres lieux, d’autres cieux, d’autres yeux

Ton souci n’est pas de dessiner mais de voir
Mon souci n’est pas de voir mais de dire
Tu vas dessiner ce que je te dis
Et tu verras, sur ta toile, apparaître la vérité

La mienne, la tienne et celle des autres
Parce que de ces mille vérités que tu traces
À grands traits de couleurs rageurs
Sur la pointe de tes pinceaux les plus fins

Surgira celle que tu cherches
Ta réalité qui toujours s’enfuit
Qui te fait devenir fou
Et qui depuis la nuit des temps
Niche au fond de mes yeux…

Avec toute ma poésie,

Pourquoi, Femme Puissante, pourquoi tout rabougrir ?

Un déjeuner riquiqui entre deux inquiétudes
C’est ce que m’a proposé mon amie
On avait fixé la date il y a un mois
Mais ce matin avant 7 heures un sms :
J’ai une réunion qui risque de déraper
Et une autre qui commence impérativement à 13h30
Et puis ma mère qui et mon frère que
J’ai dit on laisse tomber
Je t’envoie tout mon amour.

Et maintenant comment te chanter tout le reste ?
Ton frère qui picole c’est ton double
Ta mère qui déprime c’est pas ta faute
Tes avions business class c’est ta planque
Ta société qui fait parler d’elle ne parle pas de toi
Ta peau qui ternit c’est ton futur
Ton mari qui s’enfuit c’est ton miroir
Ta fille qui se tait c’est ta croix.

Je l’ai tant chantée cette partition
Que j’en reconnais toutes les notes
Moi aussi j’ai voulu gagner,

Que ma voix demeure est arrivé ce matin. Je vous le confie.

« Je dois écrire pour me taire à jamais. Il est temps pour moi de déposer, comme des armes à vos pieds, les mots sur le papier. Je vous les laisse, ils sont à vous…»
Ainsi commence Que ma voix demeure, le troisième et dernier volet de ma trilogie. Je vous le confie.

Je l’avoue, j’ouvre encore une fois la poésie. Elle semble parfois n’avoir aucune limite et je ne cherche pas à résister. Elle poursuit constamment son chemin en moi. Plus loin, plus profond, plus haut. Elle m’emmène avec elle, gracieuse, en quête de cet inconnu pour lequel, tous je crois, nous vibrons.

Que ma voix demeure est ma réponse au silence, au deuil et à l’oubli.
Que ma voix demeure est un chant d’amour, une déclaration d’existence, un hymne à la vie.
Que ma voix demeure déroule au vif de ma plume la route qui mène d’une enfance catholique à une maternité juive,

Ce jour-là, près de la source, Dieu sait ce que tu m’as dit.

La semaine dernière, à l’occasion d’une représentation théâtrale de rue, nous devions -si possible- jouer avec le public. Quelques questions de mon texte étant simples, je me hasardais à les poser avec la légèreté d’une abeille sur des fleurs :
« Quel âge avez-vous ? », l’homme, surpris, ne me répondit pas.
– Que préférez-vous chez une femme ? », m’adressant à une spectatrice. À nouveau le silence. Chez un homme ? J’insistais donc, j’entrevis la panique dans son regard.
– Quels sont vos héros de la réalité préférés ? Et l’enfant que je regardais me répondit aussitôt: Mon père!.
« Mon père » est arrivé sur notre scène avec une telle puissance que je n’eus plus qu’à accueillir tout ce qu’il offrait : notre décor de carton-pâte prit soudain des allures d’Odéon, notre maigre chant devint un hymne d’amour filial et nos personnages de bois se teintèrent de chair et de sang.