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Femmes, réveillez-vous, le monde a plus que jamais besoin de vous!

Dans nos mémoires, certaines dates sont marquées au fer rouge. Inutile de préciser l’année. Le 6 juin? Ce fut le débarquement des alliés. Et la libération de l’Europe put enfin commencer. Elle n’est toujours pas terminée. Nous portons en chacun de nous les stigmates de cette folie de conquête à tout prix.
En ce jour de trompettes dressées, nous fêtons les 100 ans de l’armistice du premier conflit mondial qui portait en son sein les germes du suivant. Comment se réjouir de paix qui entrainent la guerre ? Parce que ce siècle d’hommes et de feu a tant produit de femmes seules qu’elles ont fini par se réveiller.

Derrière tous ces militaires, devant toutes ces tombes, face à ce terrible gâchis, elle ont milité : oui à… non à… elles ont levé le poing, porté des pantalons, glissé des bulletins dans des urnes, fait des chèques tout en continuant à élever des enfants et faire des lessives.

Petit commerce équitable entre amis…

J’attends devant la gare, j’ai rendez-vous, fixé au départ à 13h, modifié à 13h50 par sms successifs. Trois jeunes hommes, un au volant, les deux autres comme moi attendent devant la gare. Légère hésitation. Je monte à l’avant.
Salut, moi c’est Martin. Et moi William. Le chauffeur s’appelle Ludovic. Je m’appelle Isabelle.
Tu fais quoi dans la vie ? T’as quel âge ?
Les garçons s’interrogent, s’écoutent puis vient un silence. Le silence c’est mon tour, que demande-t-on à une femme comme moi pour entamer la conversation ? Je ris et je leur dis « J’ai 54 ans et je suis écrivaine ». Soulagement. Ah cool, et vous écrivez quoi ? Le vous ne m’a pas échappé.
Au fur et à mesure que je raconte mes livres, je vois Martin taper sur son téléphone, il a trouvé mon site, mon blog, mon Facebook, mon truc et mon machin.

Pourtant, que la montagne est belle…

Sur le seuil de son chalet, il propose aux rares randonneurs un petit verre. Il a 70 ans, ou peut-être 45, difficile à dire. Pour qui a l’habitude des visages des villes, ceux des montagnes sont des énigmes. Peau tannée, dents du bonheur, corps sec et noueux, il tend son sourire à qui veut partager ce moment avec lui. C’est l’heure de la pause, c’est ainsi, il commence le matin tôt par l’heure de la traite, puis vient l’heure du beurre, l’heure du poulet, l’heure du fromage avant la dernière traite, et enfin l’heure de rentrer les bêtes et dormir au bord de leurs corps chauds. « Depuis qu’ils ont remis les loups, je dois rentrer les bêtes », il dit cela comme s’il parlait de l’orage ou de la neige, un loup pas plus gros qu’un flocon noir.

Sur sa porte, sur ses murs,

Thibault, André, Fernand, peut voter!

Le jeune homme qui passe devant moi baisse la tête, il n’aime pas l’étalage de sa vie à voix haute. Il se glisse derrière l’écran, choisit sa pastille noire, appuie très vite sur valider et entend de l’autre côté: « A voté ! » d’une voix de stentor.

Il vient de faire la queue pendant quarante minutes pour aller voter, il voulait faire entendre sa voix, la donner à quelqu’un, il est venu pour cela. À qui ? Peu importe, ce qui est important c’est qu’il soit là, au milieu des autres, heureux de vivre dans un pays libre où, parce que d’autres avant se sont battus, il est encore possible de chanter et de danser.

Il a dû attendre, jeune étalon piaffant, que la petite mamie qui le précédait comprenne les pastilles et les boutons, les noirs et les verts, elle s’y perd et personne ne peut l’aider,